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24 juillet 2010 6 24 /07 /juillet /2010 20:21

 

 

 

 

 

MORT SUR LE GRILL

 

 

 

 

Sinus, cosinus & Coccinelles

 

 

Eco-Polar

 

 

Yann Venner

 

 

 

 

2011

 

 

 







Je dédie ce roman à mes parents.









Paul Eluard

Extraits du « Dit de la force de l’amour », écrit en 1947 pour l’ouverture d’une émission de radio.

« Hommes, femmes (…) qui, perpétuellement, naissez à l’amour, avouez à haute voix ce que vous ressentez, criez « je t’aime » par-dessus toutes les souffrances qui vous sont infligées, contre toute pudeur, contre toute contrainte, contre toute malédiction, contre le dédain des brutes, contre le blâme des moralistes.

Criez-le même contre un cœur qui ne s’ouvre pas, contre un regard qui s’égare, contre un sein qui se refuse. Vous ne le regretterez pas, car vous n’avez d’autre occasion d’être sincère (…) Votre cri vous fera grand et il grandira les autres. Il vient de loin, il ira loin, il ne connaît pas de limites.


Parlez, les mots d’amour sont des caresses fécondantes. Les autres mots ne sont là que pour la commodité de la vie. Aimer, c’est l’unique raison de vivre. Et la raison de la raison, la raison du bonheur. Vous obtiendrez toujours grand enchantement d’aimer, et même de la souffrance d’amour.

Les plus grands des poètes ont affronté diversement, avec courage et avec faiblesse, les difficultés de la vie, mais leurs chants d’amour relèvent l’homme de son bourbier. »



 

 

 

 

PREMIERE PARTIE

 

LE DEUIL

 

 

CHAPITRE UN

 

 

La rencontre.

 

Elle se posa sur une des vitres de la véranda. La plus basse ; celle qui était légèrement fêlée et que Jacinthe m’avait demandé à plusieurs reprises de remplacer.

Confortablement installé dans mon rocking-chair, un verre d’aligoté à la main, je détaillai la bête qui se déplaçait maintenant avec précaution, explorant son nouveau territoire. D’une taille plus imposante que nos coccinelles indigènes, jaune avec ses points noirs, elle semblait interroger avec lenteur la plaque de verre du bout de ses six pattes. Le coléoptère avançait vers la zone d’ombre afin sans doute d’échapper à la chaleur qui sévissait depuis ce matin. Un vent léger venait de se lever dans les vignes et je pouvais entendre le doux bruit de sa chanson qui caressait les tendres feuilles.

 

La coccinelle s’immobilisa enfin dans l’angle supérieur gauche, semblant y avoir trouvé un peu de fraîcheur.

 

Un deuxième coléoptère se posa sur mon verre, élytres déployées. Lui aussi était jaune et tacheté de noir. Je tendis un doigt vers l'insecte comme font les enfants pour les attirer au bout de leur index en fredonnant plusieurs fois la célèbre comptine : « Petite coccinelle, envole toi, il fera beau demain… ». Jusqu’à ce que l’insecte s’envole de nouveau.

Mais je n’étais plus un enfant, et d’une pichenette, j’envoyai valdinguer la bestiole. Le beau temps commençait sérieusement à m’agacer. Nous étions à la mi-mai, il faisait plus de trente degrés depuis trois jours ! Une chaleur sèche et persistante s’était installée depuis le début du printemps et pas une goutte d’eau n’était tombée en quarante cinq jours ! Les voisins les plus proches du domaine ne semblaient pas dérangés par cette météo intempestive. J’entendais leurs cris idiots et le bruit des flaques d’eau qu’ils s’envoyaient à la figure. Elles claquaient ensuite sur les dalles carrelées de leur piscine, comme pour mieux me narguer.

 

Ce bien précieux, cette eau si nécessaire, cette manne céleste…

Et ces naïfs qui ne songeaient pas une seconde qu’elle viendrait un jour à leur manquer.

 

  • Au moins eux, ils vivent l’instant... Cesse de vivre dans le passé Antoine.

 

Phrase que Jacinthe me serinait souvent. Elle m’avait quitté le matin même, rejoindre sa sœur en Bretagne, me reprochant chaque jour un peu plus ma mélancolie.

J’étais seul, veuf, inconsolable.

 

Et le vent se mit à chanter dans les vignes, un peu plus fort. Une chanson d’amour défunt, d’amour détruit. Je vidai mon verre et me resservis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE DEUX

 

 

Entomologique.

 

 

 

 

Traditionnellement, notre amie coccinelle jouit d'une bonne réputation : elle ne pique pas, ne vole pas de manière agaçante et surtout, mange les pucerons, les cochenilles, ce qui en fait un précieux allié du jardinier. Cependant, l'arrivée de la coccinelle asiatique a changé cette perception et transformé l’image de la bête à bon dieu en petite peste dont on souhaite se débarrasser.

Cette coccinelle asiatique présente une grande variabilité de couleurs, sa robe allant du noir au jaune, en passant par le rouge et l’orange. La variabilité de couleurs et de motifs la rend assez difficile à reconnaître. Certaines variantes sont identifiables grâce à une tache noire en forme de M ou de patte de chat sur le pronotum, mot savant qui désigne une partie de la tête  de la coccinelle. Ce coléoptère mesure de cinq à huit millimètres de long.
Très féconde et vorace, la coccinelle asiatique menace les espèces indigènes, non seulement en entrant en compétition avec ces dernières pour la nourriture et l'espace, mais aussi en se nourrissant des larves des coccinelles locales. Elle provoque certaines nuisances pour l'homme.
En automne, elles se regroupent pour chercher un abri pour l'hiver et peuvent envahir par milliers les maisons en utilisant toutes les ouvertures possibles. L'insecte entre alors en hibernation et ne cause pas de dégâts. Cependant, lorsqu'il se sent menacé, il émet un liquide nauséabond jaune orange qui tache. Et sa présence peut devenir agaçante, comme le témoigne une femme.

 

  • Une coccinelle dans mon verre de vin, trois ou quatre sur l'écran de télé, quelques dizaines qui se baladent dans les fenêtres, c'est comme ça tous les jours, du mois d'octobre à la fin d'avril, début mai. Imaginez, je passe l'aspirateur manuel trois fois par jour, je les compte une à une. À quelques reprises, j'en ai capturé autour de mille dans une seule journée. Maintenant, je ne parle plus que de coccinelles. Elles ont envahi mon existence.

 

 

Des cas d'allergies ont été signalés et une étude d'impact montre que près d’un quart de ces insectes adultes mordent, pouvant aussi causer des dommages aux fruits. Certains viticulteurs rencontrent également des problèmes : les insectes présents sur les grappes et pressés avec le raisin donnent un goût acre au vin et peuvent le rendre invendable.

Harmonia axyridis est une espèce de coccinelle asiatique qui a été importée aux USA dans les années soixante afin de lutter contre les pucerons dont elle est très friande, mais ce n'est qu'en 1988 que l'acclimatation a été notée. L'Europe l'a également introduite plus récemment dans les cultures sous serres puis à destination des particuliers en mettant à disposition des larves à déposer sur les plantes dans les jardineries. L'intention était louable dans la mesure où il s'agissait de lutter contre le développement des pucerons dans les cultures à la place des pesticides.

« Pourquoi donc n'avoir pas privilégié nos espèces locales ? » me disais-je.

Cette coccinelle originaire de Chine, de Corée et du Japon s'est tellement bien adaptée qu'elle envahit désormais des régions entières en progressant du nord vers le sud. En vente en Belgique depuis la fin des années quatre-vingt-dix, elle a envahi la Flandre en quatre ans ! L'invasion de la France est avérée. Aujourd'hui elle est présente sur une grande partie du territoire. Elle a récemment été découverte en Loire-Atlantique et les observations se multiplient dans le Pays-de-la-Loire, en Bourgogne, en Franche-Comté et en Rhône-Alpes.

Inoffensive pour l'homme, elle prolifère néanmoins au détriment des espèces endémiques comme notre coccinelle à sept points. La larve de cette coccinelle peut s'attaquer aux larves des coccinelles locales lorsque sa nourriture vient à manquer ou que l'occasion se présente. Les coccinelles asiatiques se regroupent à l'automne grâce à une substance qu'elles émettent et se déplacent en groupes pour trouver un refuge pour passer l'hiver. L'intérieur d'une maison sera souvent privilégié.

Une nouvelle fois, pensai-je, l'homme en essayant d'intervenir sur la nature en introduisant cette espèce a contribué à un profond déséquilibre. Il faudra désormais compter sur cette nouvelle espèce invasive avant qu'un nouvel équilibre se fasse.

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7 juillet 2010 3 07 /07 /juillet /2010 10:22

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Interview de Yann Venner par Olivier Caillebaud en juin 2010 au sujet de "Cocktail cruel", roman de Yann Venner

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2 juillet 2010 5 02 /07 /juillet /2010 12:45

mer

 


Interview de Yann Venner par Olivier Caillebaud en juin 2010 au sujet de "Cocktail cruel", roman de Yann Venner

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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 12:31
Yann Venner

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douleur/littérature/Maghreb (27/04/2006 publié dans : blacktrelouzic )

ALGER, mon beau navire. Face aux grandes philosophies, il semble que l’on puisse mettre en avant toutes les déclinaisons de la douleur. Ce mot, grave, donc très lourd à assumer, inscrit au coeur de l’humain une blessure inacceptable. Et pourtant, "il...

roman (27/04/2006 publié dans : blacktrelouzic )

BLACK TRELOUZIC (TRILOGIE BRETONNE )   - MARCEL ( roman primeur ) Patatès Blues Année 1990 à Trélouzic. Un tueur abject. Une commune en déroute ; puis révoltée. Qui l'emportera ? Marcel Québir, homme-cauchemar, empli de morgue...

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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 12:27

                    Une pointure de trop

 

 

Ferdi Lance(1) était un policier de haut vol. Le meilleur de tous. Le meilleur, en tous cas, de la brigade des Abatscides - brigade chargée, comme on le sait, de la protection de l’aéroport international  Toul’house Blaniakbar.

Ferdi était payé pour enrayer tout acte terroriste, prévenir tout détournement d’avion, empêcher le trafic illicite d’armes stupéfiantes, pour prendre le Mal à la gorge, l’étrangler, et le terrasser. Véritable terrassier du crime, Ferdi Lance était aussi un pauvre ver de terre, petit lombric rampant amoureux des étoiles. En d’autres termes, il aimait les hôtesses de l’air, en consommait à foison, toujours preux chevalier servant et à la noble figure ; toujours prêt à défendre l’honneur de ces haquenées du ciel, voler à leur secours et prendre sous son aile ces belles étrangères égarées tels des albatros - une fois débarquées à terre.

Il vivait d’ailleurs depuis quelque temps avec une charmante Nastasia, hôtesse biélorusse de passage, pulpeuse blonde de vingt-six printemps. La dame en transit jouissait d’indéniables atouts ; mais le travail avant tout !

Toujours sur la brèche, plus souvent sur le tarmac que dans son hamac, Ferdi Lance courait sans cesse d’un terminal à l’autre, inspectait les soutes, reniflait le moindre bâton de shit (oeuvre de Chitan), et n’hésitait pas à faire main  basse sur tout colis suspect. Il était partout et nulle part à la fois. C’était, on vous l’a dit, un policier de haut vol.

Ses collègues les plus instruits le surnommaient Aker, génie à double tête personnifiant la terre dans sa matérialité et dont il assurait la cohésion. Représenté, à l’origine, comme une bande de terre ayant une tête humaine à chaque extrémité, Aker prit plus tard  l’aspect d’un double sphinx. Préposé à la garde des issues de l’au-delà, il était l’adversaire du défunt qui cherchait à y pénétrer. Par sa fonction, il protégeait dons Osiris.

 

On annonça « le vol 732 pour Le Caire. Embarquement immédiat. » La voix chaude et voilée de l’hôtesse invitait au désir... On eût dit un appel à l’extase, à une élévation certaine, à un voyage hors de soi. Bien mieux que la voix de l’imam du haut de son minaret. Les quelques islamistes, musulmans, coptes, chiites de tout poil, sans compter les athées et les chrétiens de toutes confessions, se hâtaient tranquillement, comme anesthésiés par la voix d’Anastasia, car c’était elle. Les cartes d’embarquement dûment enregistrées, on prit la navette pour se rendre à l’avion de la compagnie Egypterranée.

Ferdi Lance, habillé en civil, faisait partie de la centaine de passagers. Il avait repéré, véritable instinct de sa tête chercheuse, un candidat à l’arrestation virtuelle. L’homme, âgé de soixante-dix ans environ, lisait le quotidien El Watan. On le croyait voyager sous le nom d’Eloi Than, ressortissant belge né à Hanoï, le trois mars 1930, de mère khmère et de père inconnu, quoique certaines langues avançaient - bien qu’à reculons - qu’il était le fils d’André Malr... quand ce dernier était à Vientiane quelques années plus tôt, parti trafiquer le patrimoine religieux - véritable voie royale à l’époque, s’il en était...

L’homme était en fait un simple tailleur de pierre à la retraite, reconverti cependant en agent de change, travaillant secrètement pour le compte de la banque cairote  Schliemann and Grote.

Ce septuagénaire se rendait à l’anniversaire de son petit-fils, le gentil  Abdel Rhamane.

Ferdi Lance regardait les chaussures de l’homme. Discrètement. Mais pas assez cependant pour que le vieux ne remarque le manège du vrai faux policier démasqué. René Van Thaï, de son véritable nom, baissa alors le pantalon bouffant qui lui serrait la taille, discrètement. Afin de mieux dissimuler ses chaussures. Ferdi Lance, sortit alors de l’anonymat.

 

  -  Mains en l’air ! Plus un geste ! Et que personne ne bouge ! Police de l’aéroport ! hurla-t-il, le badge dans une main et l’arme dans l’autre - un pistolet Vico et Khaldun .35 mm à double obturation, capable de descendre un escalier de marbre.

Figé, l’homme fut appréhendé, prié de retirer ses chaussures, les mains au ciel.

 Ce fut un triple échec. Premio, les contorsions du suspect retirant ses baskets  Naïke el Jordan, firent tordre de rire les voyageurs descendus du bus. Deuxio, le soit disant terroriste ne portait que de simples chaussures de sport qui émettaient un vif éclair de lumière rouge quand on les frottait l’une contre l’autre. C’était, affirmait-il, pour les douze ans de son petit-fils ! Du 41 ! Comme lui. N’avait pu résister au  plaisir de les essayer. Rien n’y fit. On débarqua le malheureux, accusé d’être un séide à la solde de la mouvance islamiste qui en avait fait voir de toutes les couleurs au monde entier depuis un fameux 11-Septembre. On connaissait la musique ! Et son grand orchestre peu splendide. Plutôt du genre explosif, le chef d’orchestre et son armada de cymbales, percussions de coups bas, sirènes d’alarme et tout le bataclan. On s’y entendait, pour faire parler la poudre. Dialogue de soufre et de malentendants.

« Pas de fumée sans feu, dit-on depuis dans le quartier des affaires, à Manhattan. »

Le vol 732 en partance pour Le Caire fut retardé. Une heure plus tard, on embarqua de nouveau le personnage. Fausse alerte. Fausse piste pour Ferdi Lance.

Une heure plus tard - tertio - au-dessus de la Méditerranée, l’avion explosa en plein vol. Cent dix-huit morts. La bombe miniature dernier cri n’était pas dans les chaussures, mais sous le chèche du voyageur kamikaze. Il aurait suffi à Ferdi Lance de ne pas se focaliser sur les baskets dudit René Van Thaï ; mais que voulez-vous ! Une erreur humaine et voilà 118 humains expédiés dans les limbes, qui au Paradis, qui aux enfers, ou en train de purger leurs os dans la strate-os-sphère si bien nommée.

Ferdi Lance n’était pas fait pour devenir inspecteur en chèche. Encore une fois, ce fut à la mouvance Al Khaïda qu’on fit porter le chapeau. Ce qui donna encore une fois la grosse tête à Ben Laden et ses sbires, qui en rirent jusqu’à plus soif.

De rage, Ferdi but seize bières ce soir-là, pour oublier son drame.

Nastasia repartit au pays, pour un vol qualifié de définitif, avec un pilote russe de l’Aeroflot.

Flûte ! dit Ferdi Lance, perdu dans son hamac.

 

A la nôtre ! et nazd’rovié ! dit Vladimir Routine en actionnant vigoureusement son manche à balai, sous le regard éthéré de son hôtesse adorée, tandis que l’avion montait, à l’assaut du ciel pur.

 

Le surnommé Aker, policier de haut vol, fut révoqué. Il avait été une pointure de trop, contre une forte tête. Le soir même, il se tira deux balles, une dans chaque pied. Histoire de tourner la page. L'ancien fer de lance de la police vécut désormais et jusque dans l'au-delà, avec cent dix-huit fantômes à ses trousses.

Pas de quoi prendre son pied.

 

                                             FIN

Ferdi en arabe signifie paria ou revolver.

 

Nouvelle parue dans la revue Algérie/Littérature Action numéro 73-74, mars 2004, pages 41 à 43. Editions MARSA, Paris

LIBRE DE DROITS

 

Yann Venner

venneryann@orange.fr

0631069020

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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 12:21

Yann Venner : Lumière pour les oubliés
Sombre enquête en Bretagne. Le commissaire Cesare Le Tellier enquête sur la disparition de sans-papiers en Bretagne. Dans ce roman, on y croise un écrivain haïtien, une famille tchétchène, mais aussi des citoyens engagés se mobilisant pour les défendre ou les protéger (parfois au péril de leur propre vie). A travers ce polar, l’auteur aborde le thème des migrants et du droit d’asile. Il dénonce une Europe aux frontières renforcées engendrant des situations humaines dramatiques.
Enseignant, poète et romancier, Yann Venner réside en Côtes d’Armor. Lumières pour les oubliés est le dernier volet d’une tétralogie policière débutée avec Black Trélouzic (2005), puis Aller simple
pour Trélouzic
(2006) et La disparue de Guingamp (2007).
Ed. Le Cormoran, mars 2009. Dist. Coop-Breizh, 15 €. coop-breizh.fr
www.venneryann.com
Catherine - septembre 2009

 

Ce roman sera distribué par DE BOREE à partir d’avril 2010

 

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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 21:23

La ronde du printemps

 

Chaleur incandescente

O fluides amoureux

J’attends que tu descendes

Au creux de mes pensées

 

Je me retournerai

Voir si ton cœur me suit

Dans la vapeur brumeuse

Des jours nus et des nuits

 

Nuits de froide vigueur

Où règne solitaire

La glace de mon cœur

Pris en délit de toi

 

Et si je t’imagine

Fondante de désir

Alors j’aurais trouvé

Ma perle ton plaisir

 

Etrange botanique

Herbier vivant bocage

Ton souffle est un mystère

Habillé de lumière

 

Baroque est ma pensée

Mes actes des douceurs

Qui embrasent ton nom

Ophélie muse amère

 

Dans les plis du printemps

J’ai dénoué les fils

D’un hiver qui s’achève

Au creux du souvenir

 

Et plongeant dans l’eau claire

D’une source alanguie

Tu me rejoins vivante

Loin de toute insomnie

 

 

Je décline ton nom

Chaque lettre féconde

Un chant joyeux et doux

Irradie comme une onde

 

Tous nos bonheurs

Passés, le futur enchanteur

Les courbes de ta voix

Pleuvent de rire pleuvent

 

Vision blême vision

Unis dans une étreinte

Nos corps à l’unisson

Tournons valse tournons

 

 

 

Ainsi s’en est allé

L’hiver au cœur de poudre

Laissant place au printemps

De foudre verte

Et d’éclairs transparents

 

Courir à deux dans les rameaux nouveaux

Tendre est la pluie vernale et fraîche

Nous nous désaltérons

Bouches sèches présentes

 

Adieu cruelles eaux

Réchauffe-moi beauté

Fais que la terre enfante

La vie chaque fois neuve

 

Chaleur incandescente

O fluides amoureux

Au creux de nos pensées

J’attends que tu descendes

 

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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 21:12
SAmedi 26 & Dimanche 27 Mars, je serai au Salon du Livre de Paris, porte de Versailles, stand D29 afin d'y dédicacer mes livres sur le stand de l'imprimerie LABALLERY, située dans la NIEVRE à Clamecy !
2 romans donc : "Lumière pour les oubliés"
et COCKTAIL CRUEL"

Qu'on se le dise... sauf aux...cons... se le dise...!
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13 février 2010 6 13 /02 /février /2010 00:11

Sortie début mars 2010

COCKTAIL CRUEL

 

 

 

Entre Côtes d'Armor et Côtes de Beaune, le monde de la mer et celui du vin vont se rencontrer. Sous la forme d'une talentueuse actrice de cinéma, née en Bretagne. Elle va tomber sous le charme d'un propriétaire négociant en vins de Bourgogne. Il est de plus producteur de films.

Isabella et Antoine, entourés de deux sœurs appelées les vignoleuses, vont vivre un très bel amour, jusqu'au jour où le destin s'en mêle… Entre Beaune, Jobigny La Ronce, L’Île-Grande et Saint-Brieuc.

L'infernal ballet cinématographique, sous le signe de la science et du vin, va être animé par une double enquête entre Bretagne et Bourgogne. Deux commissaires de police auront alors à décrypter un film plutôt noir. Un roman qui rend hommage au monde de la nature, du vin et du cinéma.

 

                                                          

 

Yann VENNER, né à Saint-Brieuc en 1953, vit entre Bretagne et Bourgogne. Ses recherches l'ont amené à extraire la quintessence de la vie : « Tourné vers les autres, j'aime toutes les formes d'écritures, et les bons vins. »

Quatre romans déjà parus, des recueils de poèmes et des articles sur les littératures francophones, jalonnent son parcours. Après une tétralogie romanesque - drolatique et noire - sur la Bretagne, il nous livre ici un nouveau roman dans lequel suspense, humour, science et écologie se croisent.

 

Un éco-polar à déguster sans modération !

 

 

 

15 euros, Le Cormoran éditions, distribué par De Borée

 ISBN 9782916687094

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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 12:14
1 - Paris, fin mars : salon du livre, stand St Brieuc... à préciser
2-Beaune, (21200) 8 au 11 avril festival livres et films policiers
3-Châlon sur Saône Librairie La Mandragore, samedi 17 avril
4-Savigny Lès Beaune, Premier & Deux mai, château de Villamont
5 - Jeudi vendredi 13, 14 mai Château de Chamilly , Chamilly, (71)
6 - Beaune, marché samedi 15 mai, chez Moilard-Grivot
7 - Penmarch, vers Quimper en Bretagne, 23 au 25 mai, salon polar du Goéland Masqué.
8 - 25 & 26 septembre QUESSOY près St Brieuc 22000 Bretagne salon "Litt' et Nature"
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  • : Le blog littéraire de Yann Venner
  • : poèmes publiés en recueils de l'auteur, ses romans noirs & cocasses, articles divers autour du polar, des littératures du Maghreb...
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